Natacha Davril

Peintre autodidacte.
Bien que française, elle passe ses vingt premières années à Bruxelles.
Après le bac, s’initie à la photographie pour entrer à l’école de La Cambre (Bruxelles) en section photo.
Finalement, elle s’inscrit à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle à Bruxelles (INSAS), section cinéma.

Victime d’un grave accident de la route, elle part vivre dans les Cévennes.
La résilience se fera en se consacrant à sa première passion : la peinture.
Parallèlement, elle pratique la danse moderne/Jazz.
Elle vit et travaille actuellement près d’Uzès dans le Gard.

La peinture de Natacha Davril est évidemment marquée par le cinéma et la danse.
Du cinéma viennent très certainement son sens de la mise en scène, du rythme, et l’attachement à des personnages porteurs du vouloir et de l’inconscient de l’artiste. De la pratique du montage, le goût de l’arrêt sur image.
Le désir de faire naître l’émotion par les mouvements du corps, tension, torsion, envol, déséquilibre à la limite de la chute, la rapproche des danseurs.
Comme eux, elle veut faire rendre l’âme aux corps, lieu de toutes les expériences, bonheurs et désastres compris.

L’obsession du peintre est toujours la même : arracher l’individu à la contingence, exalter son unicité. Ce qui correspond bien à son regard sur le monde, la vie.
Cette peinture se bâtit sur les ruptures et les oppositions, tant par le trait que par l’utilisation de la couleur.
L’architecture rigoureuse des lignes s’oppose à la rondeur des corps, à l’enchantement des formes et nous suggère un conflit entre le monde tel qu’il est et un monde rêvé.

Néanmoins, cette oeuvre tonique et pleine d’humour, semble plutôt solaire, exubérante, édénique…

Les expositions

2006 : NICE de janvier à juin : Galerie l’Art et la Matière
2005 : VILLENEUVE D’ASCQ du 8 septembre au 4 octobre : Da Silva Internationale Galerie
2005 : AVIGNON du 2 avril au 30 juin : Galerie Artmondial
2004 : PARIS : WHO’S WHO in International Art « Eloge du petit format »
2000 : UZES Ancien Evêché (exposition personnelle, Rétrospective 1984-2000)
1999 : NÎMES Galerie des Arènes « Corps à corps »
1998 : NÎMES Galerie des Arènes « Petits formats »
1997 : NÎMES Galerie des Arènes « Artistes vos papiers »
1996 : NÎMES Galerie des Arènes « Autoportraits »
1993 : PARIS Le Grand Palais « Contemporaines »
1992 : PARIS Le Grand Palais Biennale des Femmes 1992
1986 : UNTERSCHLEISSHEIM (Allemagne) Bürgerhaus
1986 : LE CRES La Maison des Arts (exposition personnelle)
1985 : VALENCIA (Espagne ) INTERARTE 85 (2ème Salon International d’Art de la Méditerranée)
1985 : MONTPELLIER Galerie Saint-Ravy (exposition personnelle)
1985 : PORT-LLIGAT (Espagne) Galerie Port-Lligat
1984 : ISLE / SORGUE Galerie Djellal (exposition personnelle)
1984 : ORANGE Galerie d’Art Moderne (exposition personnelle)
1983 : CAVAILLON Galerie « La page de garde » (exposition personnelle)
1981 : ORANGE Galerie d’Art Moderne (exposition personnelle)
1979 : TARASCON Centre Culturel
1978 : NÎMES Galerie J. Salle (exposition personnelle)
1977 : UZES Hôtel de Ville (exposition personnelle)
1976 : NÎMES Galerie Notre Temps (exposition personnelle)
1975 : MONTPELLIER Galerie Saint-Ravy

Presse / Critiques

Un coup de gueule à la vie, par Alain Coudert, critique d’art à Arts Actualités Magazine

On a dit de Natacha Davril qu’elle était une sophistiquée atypique… C’est assez bien vu pour la personne, cela vaut pour l’oeuvre. Hésitante et farouche, elle s’affirme avec la force des timides. Ne comptez pas sur elle pour fréquenter les salons et y promouvoir son travail. Réfugiée dans son atelier du Gard depuis de longues années, elle y peint, danse et, loin de tout battage médiatique auquel son talent lui permet de prétendre, laisse libre cours à ses dons naturels…En se penchant sur son berceau, Terpsichore comprend les limites de ses pouvoirs. Pour compléter l’éducation de la petite fille, elle fait appel aux mannes de Zeuxis : les images seront primordiales dans la vie de Natacha Davril.

La peinture de Natacha Davril célèbre le corps dans sa tragédie connue et accomplie, ce qui lui vaut d’être, paradoxalement, un formidable coup de gueule à la vie. Toujours sur le fil, elle est un prolongement de son au-delà du corps. Il ne s’agit pas pour l’artiste d’étaler ses émotions en direct sur la toile, mais de laisser percevoir derrière la tension qui habite chacun de ses tableaux, la finitude de l’être telle qu’elle est inscrite dans son corps.  » La solitude des personnages que je peins marque la valeur que j’accorde à l’individu, explique-t-elle. C’est pourquoi il n’y a jamais de foule dans mes tableaux, parfois deux personnages, souvent un seul, mis en valeur, exalté, par une architecture en pyramide. « 

Cette peinture, savante par ses références picturales, livresques et cinématographiques, sait faire preuve d’humour et cultiver son petit côté surréaliste. Natacha Davril use de la litote picturale ou fait mine de nous montrer quelque chose alors que ce qui est à voir est ailleurs ( » 14 juillet à Rochefort sans les Demoiselles « ,  » L’emmêlée  » , sans oublier l’énigmatique  » La mia Mona Lisa »… ) 

Les cassures apparentes de son cheminement artistique sont celles d’une artiste en perpétuel questionnement. Sa technique, son approche, ses supports même, sont comme elle : à l’écoute de son monde et à l’écoute du monde qu’elle prend parfois en pleine figure. Son installation « Cendres d’art  » en est le témoignage direct. Cette oeuvre sur laquelle plane une colombe de la paix, se présente sous la forme d’un cube gris duquel émerge un coeur rouge. Elle se compose d’un sarcophage de 152 cubes vides de couleur grise évoquant la cendre, enserrant un coeur de 64 cubes rouges feu, scellés et inviolables qui contiennent les cendres de 64 toiles de la collection personnelle du peintre, sacrifiées pour l’occasion.  » Cendres d’art  » est une pulsion de sympathie face à la tragédie du 11 septembre 2001.

Natacha Davril fait partie de ces artistes qui, en marge de tout circuit d’art contemporain, réalisent, sans concession aucune, un formidable travail d’investigation picturale. Cette peinture qui raconte à la fois la tragédie de l’homme et le bonheur de la vie ne devrait pas rester longtemps ignorée du grand public.


La peinture volubile de la forme et du mouvement

Une rétrospective survolant les années quatre-vingt jusqu’à l’an 2000

Pourquoi y a-t-il eu une cassure dans le travail de Natacha Davril en 1984 ? Poser la question n’est pas un gage d’obtenir une réponse car cette artiste qui avait montré une production totalement différente en 1976 à l’hôtel de ville d’Uzès avoue un travail automatique où tout s’impose à elle sans schéma préconçu. Ce qui ne signifie pas que sa production actuelle soit hétéroclite : elle est au contraire marquée du sceau du peintre pouvant se passer de signer.

A Uzès, à l’aube du XXIe siècle, où son oeuvre s’installera pour l’éternité, elle a choisi d’offrir aux Uzégeois et aux Gardois, à ses amis et admirateurs, un panorama de sa création ,  » une mini rétrospective allant de 1984 à 2000 « . Pour cela, elle a accroché aux cimaises des remarquables salles du premier étage de l’ancien évêché soixante-cinq oeuvres. D’imposantes huiles sur toile, regroupées par thème, aux titres évocateurs : Dans ce monde où ils piétinent les colombes. Les ailes du désir, Le printemps d’avril, de précieux pastels et huile sur carton, Le danseur, La Mara d’Aram des acryliques dont un remarquable Hiroshima. Les plus anciennes datent en fait de 1984, Miroirs 2 et Dancing in the sun, les plus récentes de maintenant, Tira mi sù per favor…

Or tout est harmonie bien que lapalette utilisée de manière sélective soit plus large qu’une première approche ne laissait entrevoir.Au-delà d’aplats de noir, de bleus profonds et de rouges très travaillés, la couleur éclabousse une oeuvre qui ne se rattache à aucune école. La forme née dans les entrailles de l’artiste passe par le corps nu de l’homme ou de la femme pour se lancer dans un « volubilisme » (1) dansant. 

Ce n’ est pas de la nudité, ce n’est pas sensuel, c’est inspiré parfois de la statuaire grecque ou de la Renaissance italienne, c’est avant tout l’expression de Natacha Davril, intériorisée mais pas intellectualisée, mouvement arrêté dans sa tendresse, sa violence, sa séduction.  » L’architecture rigoureuse des lignes s’oppose à la rondeur des corps, à l’enchantement des formes  » , dit Natacha Davril, qui ajoute :  » L’énergie généreuse du trait rend palpables la tension des êtres, leur côté tragique quelquefois.  » Nul mieux qu’elle-même ne peut définir une création, très certainement la plus intéressante en ces lieux depuis leur ouverture. 

Par Jacques Roux.

(1)Volubilis : qui tourne, qui roule.


Critique de Catherine Varadi

A y regarder de plus près, la peinture de Natacha Davril est fortement marquée par ses autres passions : le cinéma et la danse.

Du cinéma elle tire son sens de la mise en scène, du rythme et l’attachement à des personnages porteurs du vouloir et de l’inconscient de l’artiste. Du montage plus spécifiquement, le goût de l’arrêt sur image.

Le désir de faire naître l’émotion par les mouvements du corps, tension, torsion, envol, déséquilibre à la limite de la chute, la rapproche des danseurs.

Comme eux elle veut faire rendre l’âme aux corps, lieu de toutes les expériences, bonheurs et désastres compris.

L’obsession du peintre est toujours la même : arracher l’individu à la contingence, exalter son unicité, ce qui correspond bien à son regard sur le monde, la vie.

Cette peinture se bâtit sur les ruptures et les oppositions tant par le trait que par l’utilisation de la couleur.

L’architecture rigoureuse des lignes s’oppose à la rondeur des corps, à l’enchantement des formes et nous suggère un conflit entre le monde tel qu’il est et un monde rêvé.

Néanmoins, cette oeuvre tonique et pleine d’humour me semble plutôt solaire, exubérante, édénique…


Critique de Marie Emptoz-Lacôte
Exposition Montpellier salle Saint Ravy en octobre 1986

Elle disait qu’il devait y avoir une flaque de désespérance en elle, mais elle me montrait des fenêtres ouvertes sur l’au-delà de nos enfers et si des portes restaient fermées, elle les défonçait rageusement, bousculait les gardiens de la mort pour que nous puissions ne plus avoir peur. Elle le faisait nue et fragile et parfois elle pleurait. J’ai vu alors mais bien plus tard des corps immenses surgir sur des plages claires. Je les ai vus apparaître sur des horizons mauves, puis se rapprocher jusqu’à envahir l’espace virtuel de nos regards.

Ils étaient alors rocs infaillibles, guerriers puissants et incorruptibles, ils étaient l’éclat même de nos luttes à mener, ils étaient là et apportaient avec eux la plénitude de leur liberté.

Elle disait qu’il y avait en elle comme quelque chose de la désespérance.

Parce que la peinture ne peut être que soufferte, parce que le fait de peindre est un acte solitaire, parce que l’angoisse d’être nés et de devoir mourir ne peut rester une chose banale ni étrangère, parce que sur le châssis se tend l’écran de nos passions et de nos erreurs, je ne peux regarder une toile sans avoir mal, moi qui suis si futile.

Parce que tout cela, il faut aimer le monde pour être peintre. Il faut savoir entendre les larmes et les cris. Il faut savoir s’émerveiller des joies tendres. Il faut savoir comprendre dans les simples gestes de l’autre, l’inscription de la vie de chaque individu et sa différence même.

Parce que pour être peintre il faut être innocent de cela, je ne peux regarder une toile sans me sentir emplie d’amour, moi qui suis si distraite.


Critique de Gilles-Marc Dardenne
Exposition Port-Lligat – avril 1985

Natacha Davril réussit ce tour de force : faire chanter, danser, aimer tout simplement sans rien attendre en retour, car elle est aussi du silence.
Ne sommes-nous pas tous tentés de posséder un objet unique et uniquement créé pour soi ; un objet qui aurait une âme et pourrait ainsi éveiller dans notre intérieur méditatif toutes les beautés simples ? Le soleil, cet objet unique et commun, déclenche spontanément en nous tant de plaisirs subtils rien qu’à la vue de sa rondeur…
Une toile de Natacha Davril c’est cela : un objet unique, un soleil intime. Sa peinture, c’est la musique de l’âme humaine.

Sellig O’Arden, le 27 février 85.

Natacha Davril consigue esta proeza ; hacer que brote el canto, el baile. sencillamente amar sin esperar nada a cambio, parque ella también es silencio. No es verdad que todos conocemos la tentacion de poseer aquel objeto ùnico y unicamente creado para nosotros, un objeto que tuviera un alma y que pudiera por lo tanto despertar en lo mas profundo de nuestro ser meditative todas las sencillas bellezas ?
Simplemente viendo la redondez del sol, simplemente a la vista de este objeto ùnico y comun, se desencadenan espontàneamente en nosotros tantos placeres sutiles…
Un oleo de Natacha Davril es eso : un objeto ùnico, un sol intima. Su pintura es la mùsica del alma humana.

Extractos de Sellig 0 ‘Arden, el 27 de Febrero de 1985.


Critique de Jean-Claude Roure, écrivain, poète,
Exposition L’Isle sur la Sorgue – septembre 1984

Natacha Davril est avant tout et d’abord une moissonneuse d’images intérieures. C’est aussi un peintre de la femme, des rêveries de la femme, et la nudité ici présente n’est là que pour confirmer la quête incessante, pour élucider les questions qui nous interloquent : d’où je viens, qui je suis, où je vais… (pour cela il est nécessaire de se poser une des questions qui nous pénètrent). Oui, certes, on va dire que la peinture surréalisante a fait son temps, mais quand le style cogne, on ne peut y renoncer : l’homme imite, mais agrémente selon un schéma qui tente toujours d’élucider des questions personnelles avec des questions universelles, d’où des influences mais aussi des métamorphoses qui s’opèrent, impliquant une chirurgie de l’âme dans un brouillard à couper au couteau.

La peinture de Natacha Davril tranche, ose, dérange : « La terre est bleue comme une orange ». « L’homme est seul comme un aimant » ; mais cette peinture n’est pas sanglante, ni morbide, pas cauchemardesque, elle est consciente de son inconscience. Cette peinture, je l’aime car elle est déterminée, mais c’est aussi un monde de femme seule, plutôt une solitude du vide avec les vertiges qu’elle entraîne.

Natacha Davril joue la carte de la vision, c’est une invitation au voyage, une façon d’embrasser le monde, un don ; sa peinture n’est là que pour dévoiler l’exigence de ce troisième oeil qui disloque l’entendement.


Critique de Gilles-Marc Dardenne
Exposition L’Isle sur la Sorgue – septembre 1984
Silence, on tourne !

Action ! Enfin les images apparaissent… Tête d’affiche: la femme. Décor : l’insondable profondeur de l’être. Metteur en scène et réalisateur : Natacha Davril. Pas forcément de titre. Et c’est l ‘évenement rare. Aux deux sens du terme. Rare car c’est l’aboutissement de dix ans de peinture en solitaire et que le grand écran s’illumine depuis peu, enfin ! Dernière exposition, où les portes lui furent ouvertes : septembre 84 à la Galerie Djellal, à L’Isle-sur-la-Sorgue. Rare surtout au sens où l’on parle d’un plaisir rare ; finement choisi. Nul tapage ici, l’oeil est fait aussi pour écouter…

Les silences charmeurs de Natacha Davril sont de doux gémissements, lucides et d’une puissance étourdissante à la fois, un peu comme ceux de la musique insolite et insolente de Thelonius Monk.

Natacha Davril réussit le tour de force de présenter les recoins les plus intimes de son univers intérieur, les cartes de ses itinéraires les plus secrets et de le faire en une oeuvre qui demeure néanmoins pudique, discrète. Je dirais réservée, sans vouloir jouer sur le mot. Elle s’évide, jusqu’à la moelle, et jusqu’aux nerfs, pour atteindre l’évidence, l’évidence de l’être et de son drame, mais aussi de sa juste vérité, de son amour débordant. C’est l’autopsie des profondeurs de l’âme féminine, et tout cela est bien loin de l’exhibitionnisme simpliste…

La peinture de Natacha Davril démontre en effet non pas son talent, mais sa forte personnalité.

C’est pourquoi, quelle que soit l’importance d’une oeuvre qui fouille l’homme jusqu’en son tréfond, elle n’est pas destinée à tous les publics. Elle ne s’adresse qu’aux intimes, c’est à dire à ceux qui ne se contentent pas, non plus, de vivre à leur propre surface.


Critique de Djellal, galeriste
Exposition L’Isle sur la Sorgue – septembre 1984
Le Provençal du 26 septembre 1984

C’est à un voyage hors du temps, à une incursion dans un univers extraordinaire, celui d’une femme hors du commun, de la femme cachée qui ose révéler la face occulte de son être et de son jardin secret que nous convie Natacha Davril qui expose actuellement à la Galerie Djellal.

Une technique personnelle, une juxtaposition de couleurs violentes et de formes sensuelles permettent de magnifier la dualité de l’être : le vécu et le rêvé, l’acquis et le désiré. Peinture qui met au premier plan la femme idéalisée et désincarnée, tout l’art de Natacha Davril est de nous faire passer « au-delà du miroir ». Lewis Caroll de la peinture, nous entrons sur la pointe des pieds dans un monde fantasmatique et irréel. Il faut regarder ses oeuvres avec un oeil neuf, avec une sensibilité libérée de toutes les contraintes, les a-priori que nous impose notre vie quotidienne. Cette purification personnelle effectuée, c’est là que l’on comprend toute la profondeur, toute la chaleur, toute la violence que Natacha Davril cache derrière un regard clair et un sourire charmeur. Il faut se laisser capturer par les alliances superbes des couleurs, il faut se laisser habiter par ses bleus profonds, il faut se laisser déshabiller par ses regards qui vous fixent. Alors commence un voyage initiatique ; la peinture de Natacha Davril n’est rien d’autre qu’un appel au sublime, à la connaissance de l’insondable profondeur de la sensibilité féminine.